MaisonType 5+ T3+T2 Maison 200 mÂČ - 10 PiĂšces - Saint-Laurent-Du-Maroni (97320) SituĂ© sur la commune de saint laurent du maroni un ensemble immobilier composĂ© d'un T5 comprenant un salon, une Ref 1993 Voir le bien. Prix 472 500 € Maison crĂ©ole Maison 250 mÂČ - 9 PiĂšces - Cayenne (97300) Retrouvez cette maison sur Cayenne composĂ© d'un appartement t3 en duplex
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1 Ici, c’est l’Europe ! » Ainsi s’exprimait Julia, au jour de son relogement dans les nouvelles barres de logements sociaux de Saint-Laurent-du-Maroni. L’énoncĂ© est paradoxal il est Ă©mis en pleine Amazonie, dans une ville de Guyane frontaliĂšre avec le Suriname. Certes, la Guyane, en tant que collectivitĂ© française d’Outre-mer, appartient administrativement Ă  l’Union EuropĂ©enne. C’est toutefois sa fiertĂ© que Julia exprimait alors une fiertĂ© d’accĂ©der au confort de la vie avec eau courante, mais aussi Ă  un statut social plus Ă©levĂ©, tant du point de vue de sa position au sein des rapports entre les groupes sociaux qui composent la ville que des rapports au sein de son rĂ©seau de parentĂ©. 1 En Guyane, le terme crĂ©ole renvoie aux descendants d’esclaves affranchis lors de l’abolition de l ... 2L’heureuse attributaire de ce logement social est originaire de l’amont du Maroni, et s’identifie comme Ndyuka, l’un des groupes bushinenguĂ©s, des descendants d’Africains dĂ©portĂ©s en esclavage qui ont marronnĂ©, et qui vivaient sur l’amont des fleuves surinamais et guyanais depuis le XVIIIe siĂšcle Price 1973 ; R. Price et S. Price 2003 ; Moomou 2015 ; Cunha 2018. Ils peuvent ĂȘtre de nationalitĂ© française ou surinamaise. Encore rĂ©cemment, ces groupes transfrontaliers Ă©taient catĂ©gorisĂ©s comme des populations primitives » par l’État français depuis les annĂ©es 1980, ils sont dĂ©sormais explicitement renvoyĂ©s Ă  leur statut d’étrangers surinamais dans les discours des agents administratifs et des mĂ©dias dominants – bien qu’une partie importante d’entre eux aient la nationalitĂ© française. Ils forment une majoritĂ© numĂ©rique dans la ville, mais une minoritĂ© politique, par contraste avec des classes moyennes blanches et crĂ©oles qui dominent la vie politique et Ce contexte postcolonial d’un dĂ©partement français d’Outre-Mer, oĂč une majoritĂ© numĂ©rique est infĂ©riorisĂ©e selon des hiĂ©rarchies de classe, race et nationalitĂ©, peut ĂȘtre rapprochĂ© de la situation coloniale » dĂ©crite par Georges Balandier 1951. 3Les habitants des classes populaires saint-laurentaises, comme Julia, sont nombreux Ă  -avoir fait l’expĂ©rience d’un dĂ©mĂ©nagement d’une maison en bois Ă  un logement Ă©tatique en dur. Saint-Laurent-du-Maroni croĂźt trĂšs rapidement la population est passĂ©e de 8000 Ă  habitants en 30 ans. Elle a notamment connu l’afflux d’habitants bushinenguĂ©s, qui sont dĂ©sormais engagĂ©s dans un processus d’urbanisation, comme ailleurs en Amazonie Campbell 2015. En rĂ©ponse Ă  la crise du logement » diagnostiquĂ©e par les autoritĂ©s françaises, des dizaines de lotissements ont vu le jour ces derniĂšres annĂ©es, tandis que les quartiers de maisons en bois, construites par des artisans non dĂ©clarĂ©s, s’agrandissent. 2 Le terme ndyuka bakaa dĂ©signe gĂ©nĂ©ralement les individus perçus comme » blancs weti, mais pe ... 4Les logements sociaux, construits selon des modĂšles standardisĂ©s en bĂ©ton sont parfois dĂ©criĂ©s comme Ă©tant des prisons », que ce soit par des acteurs de l’urbanisme ou encore par des habitants refusant de quitter leurs maisons en bois pour y emmĂ©nager. Toutefois, un grand nombre de personnes s’inscrivent sur les longues listes des bailleurs, en l’absence de possibilitĂ© financiĂšre d’accĂ©der Ă  des terres constructibles. Une partie d’entre elles finissent par emmĂ©nager dans ces logements, parfois avec bonheur comme c’est le cas de Julia, citĂ©e prĂ©cĂ©demment. Que signifie, pour des habitants bushinenguĂ©s des classes populaires, ce passage du bois au bĂ©ton ? La maison est Ă©troitement liĂ©e aux personnes qui l’habitent et son appropriation met en jeu la construction personnelle des habitants Carsten et Hugh-Jones 1995. La matĂ©rialitĂ© des murs de la maison reflĂšte des enjeux sociaux, si l’on porte l’attention sur la signification symbolique de la maison façade et intĂ©rieur. Quelles transformations des modes de vie sont impliquĂ©es par le passage d’espaces habitĂ©s incluant des extĂ©rieurs domestiques, au logement social collectif et locatif ? Comment les dĂ©mĂ©nagements vers une maison du gouvernement », dite aussi maison des Blancs » Bakaa modifient-ils les Ă©quilibres sociaux Ă  l’échelle de la ville, mais aussi Ă  l’intĂ©rieur de la famille et du couple ?2 5Le passage d’une maison en bois Ă  un logement social transforme les rapports de pouvoir au sein des groupes de parentĂ© qui habitent la maison. Ces rapports de pouvoir de sexe, d’ñge et de positions au sein des configurations rĂ©sidentielles sont qualifiĂ©s de gouvernement de la maison » L’Estoile et Neiburg 2020. Loin d’une analyse qui isolerait la maison des rapports sociaux plus larges Ă  l’échelle de la ville, je cherche Ă  montrer comment ces relations au sein du groupe des occupants sont Ă©troitement liĂ©s aux rapports de pouvoir entre les groupes sociaux Ă  l’échelle de la ville ou du pays, et aux rĂ©gulations Ă©tatiques. D’un cĂŽtĂ©, les politiques publiques ont des effets directs sur les conditions de vie des habitants, imposant des matĂ©riaux et des formes Ă  leur espace de vie, ainsi que des localisations plus ou moins pĂ©riphĂ©riques dans l’espace urbain ; de l’autre, les habitants peuvent se saisir des opportunitĂ©s ouvertes par l’accĂšs au logement social pour reconfigurer leur position au sein du groupe de parentĂ©. 3 Cet article est fondĂ© sur des enquĂȘtes ethnographiques menĂ©es en 2013 et 2014 auprĂšs d’habitants ... 6J’analyserai les formes d’appropriation des logements sociaux en comparant le cas des logements pavillonnaires, les sitĂ©, et celui des logements collectifs, dits L’accĂšs au logement social constitue une ascension sociale Ă  l’échelle de la ville des marquages de l’espace qui expriment la fiertĂ© d’accĂ©der Ă  une forme de libertĂ© ». Par consĂ©quent, l’accĂšs au logement reconfigure les logiques internes au gouvernement de la maison », et permet un repositionnement au sein de la parentĂ© et du couple, dont les configurations rĂ©sidentielles complexes sont traversĂ©es par des rapports d’ñge, de genre et de classe. Enfin, les usages que les habitants font des logements sociaux, et leur intĂ©gration dans des modes de vie transfrontaliers, entrent en conflit avec les injonctions des autoritĂ©s locales et des bailleurs sociaux, soit du fait des attentes déçues des habitants, soit du fait des interprĂ©tations des agents administratifs. La maison du gouvernement appropriĂ©e les marques de la libertĂ© » 4 Paradoxalement pour un territoire aussi peu densĂ©ment peuplĂ©, la situation du logement en Guyane ... 7L’obtention d’un logement social marque un Ă©vĂšnement dans la vie des personnes qui vivaient auparavant dans des maisons en planches, souvent jugĂ©es bonnes Ă  dĂ©molir par les autoritĂ©s, ou encore qui cohabitaient avec d’autres gĂ©nĂ©rations dans des logements sociaux partagĂ©s. L’accĂšs au logement social est trĂšs restreint et nĂ©cessite des dĂ©marches longues et coĂ»teuses LĂ©obal 2016, d’oĂč la fiertĂ© qu’ont les habitants d’y L’appropriation de ces logements est matĂ©rialisĂ©e par divers marquages intĂ©rieurs et extĂ©rieurs, amĂ©nagements et dĂ©corations qui personnalisent le logement les possibilitĂ©s de transformation sont toutefois trĂšs diffĂ©rentes selon le type de logement social qui peut ĂȘtre soit pavillonnaire sitĂ© soit collectif batiman. Les reformulations des pavillons la symbolique du parpaing 5 Ce dispositif est exceptionnel car le logement social, en France hexagonale, est principalement l ... 8DĂšs lors que l’on sort du centre-ville de Saint-Laurent-du-Maroni, on entre dans des lotissements de petits pavillons alignĂ©s le long de routes dĂ©foncĂ©es. Leur forme gĂ©nĂ©rale est standardisĂ©e, mais chaque maison est diffĂ©rente beaucoup ont Ă©tĂ© Ă©largies, rĂ©novĂ©es et dĂ©corĂ©es d’aprĂšs les goĂ»ts de ses habitants. Ces lotissements de Logement Evolutifs Sociaux », rĂ©sultent d’un dispositif de relogement spĂ©cifique Ă  l’Outre-Mer français, qui permet aux habitants des classes populaires d’accĂ©der progressivement Ă  la propriĂ©tĂ© de leur maison et du terrain qui l’entoure, en payant une somme Ces logements pensĂ©s comme adaptĂ©s » Ă  l’Outre-mer sont fabriquĂ©s en bois. Toutefois, les transformations effectuĂ©es par les propriĂ©taires mettent en avant le parpaing les maisons sont littĂ©ralement enrobĂ©es de parpaings enduits ou de bĂ©ton, ce qui leur donne un aspect de maison en dur » siton osu. Embellies et dĂ©corĂ©es, ces façades traduisent l’ascension sociale impliquĂ©e par l’obtention d’une telle maison. 9Walter et Maleiko sont un couple ndyuka que j’ai rencontrĂ©s en 2013 dans le quartier Vampire, dans l’un de ces lotissements pavillonnaires. Cinquantenaires, parents de neuf enfants, ils ont circulĂ© tout au long de leur vie entre Saint-Laurent-du-Maroni, l’amont du fleuve Maroni oĂč se situe le pays ndyuka dont ils sont originaires, et la capitale du Suriname, Paramaribo. Ils s’identifient comme ndyukas, et appartiennent aux classes populaires de la rĂ©gion Walter travaille dans la maçonnerie et comme chauffeur de taxi, aprĂšs avoir longtemps travaillĂ© comme piroguier. Il aide Ă©galement Maleiko dans son activitĂ© d’agricultrice, en rĂ©alisant les gros travaux de nettoyage et de transport tandis qu’elle plante, rĂ©colte et vend sa production. Maleiko fait Ă©galement du commerce transfrontalier de produits manufacturĂ©s. Pour eux, l’obtention de leur sitĂ©, longtemps dĂ©sirĂ©e, constituait une ascension sociale. 10Avant leur emmĂ©nagement, ils habitaient dans une maison en bois au bord de la rive du Maroni, dans les quartiers des berges qui ont Ă©tĂ© dĂ©molis par les autoritĂ©s dans les annĂ©es 1990. Au moment de la dĂ©molition, Walter et Maleiko n’ont pas pu bĂ©nĂ©ficier d’un relogement car ils n’avaient pas de papiers de sĂ©jour. AprĂšs sept ans de dĂ©marches, ils ont fait une demande de logement social en accession Ă  la propriĂ©tĂ©, qu’ils ont obtenu rapidement. Ils insistent sur le fait qu’ils ont achetĂ© » leur maison, pour une somme de 5100 euros Maleiko a empruntĂ© de l’argent Ă  sa mĂšre pour fournir cette somme, et Walter a fait de nombreux jobs » pour rembourser. Au terme des paiements mensuels, ils sont devenus propriĂ©taires de cette maison. Ce pavillon a donc Ă©tĂ© obtenu chĂšrement, aprĂšs de nombreuses difficultĂ©s. 6 Ce type de logements sociaux en auto-finition », dits Logements Évolutifs Sociaux, sont livrĂ©s ... 11La dĂ©coration extĂ©rieure de la maison est rĂ©alisĂ©e avec un soin spĂ©cial cela reflĂšte la personnalitĂ© de ses occupants et leurs rĂȘves Villanova, Raposo et Leite, 1994. La façade est un Ă©lĂ©ment symbolique, personnalisĂ©, comme l’a remarquĂ© James Holston 1991 Ă  propos de maisons auto-construites au BrĂ©sil. Quand Walter et Maleiko ont emmĂ©nagĂ©, ils ont rĂ©alisĂ© des ajustements, des agrandissements et des amĂ©liorations du logement. Walter a mis Ă  l’Ɠuvre ses compĂ©tences dans le bĂątiment, mobilisant ses capitaux techniques » Gollac 2013. Ils ont radicalement transformĂ© leur maison, dont le modĂšle original en bois n’est plus reconnaissable tout autour du logement initial, ils ont construit une terrasse fermĂ©e par un muret et une grille en fer Elle est surmontĂ©e de feuilles de tĂŽles qui prolongent le toit initial en lui donnant une forme incurvĂ©e. La façade apparait comme celle d’une maison en dur. Walter et Maleiko valorisent le rĂ©sultat de leurs amĂ©nagements de bĂ©ton comme beau ». Leur maison, comme beaucoup d’autres du voisinage, est en outre personnalisĂ©e avec des dĂ©corations en plĂątres, des animaux ou encore des piliers surmontĂ©s de chapiteaux figure 1. Ces sitĂ© mĂ©tamorphosĂ©es reflĂštent l’investissement personnel dans ces maisons dĂ©sirĂ©es. Figure 1 – Vendeur de dĂ©corations extĂ©rieures en plĂątre Source C. LĂ©obal, 2013 Figure 2 – Un LES en auto-finition non modifiĂ© Ă  Vampire Source Anne-Laure Dobros, 2016 7 Entretien avec Chokoto Afonsoa du 25 mai 2013 les termes en français dans ses propos en ndjuka ... 12À l’échelle du quartier, l’appropriation passe aussi par les luttes pour des Ă©quipements collectifs. Ces nouveaux lotissements créés – le terme de sitĂ© dĂ©signe par extension le quartier – Ă©taient largement dĂ©pourvus de services urbains l’appropriation de ces logements est d’abord passĂ©e par une lutte pour l’équipement du quartier auprĂšs des autoritĂ©s publiques. À sa crĂ©ation, le lotissement de Vampire ne comportait ni Ă©cole, ni Ă©quipement public, ni commerce. En 1997, les habitants de Vampire ont bloquĂ© la route Ă  trois reprises pour obtenir qu’elle soit asphaltĂ©e. Chokoto Afonsoa, qui a participĂ© Ă  ce mouvement, relie la question de l’asphalte Ă  celle du transport scolaire. Il s’agissait pour elle d’envoyer ses enfants Ă  l’école du centre-ville. Des Ă©coles ont par la suite Ă©tĂ© créé sur place. La mobilisation des habitantes s’est ensuite poursuivie pour l’équipement du quartier et sa connexion avec le centre-ville. Chokoto Afonsoa s’est ainsi battue pour la construction d’un terrain de foot, de basket, une piscine, pour les enfants, pour que Vampire soit une sitĂ© qui ait tout, parce que bientĂŽt Vampire va devenir une grande ville, oĂč on a droit Ă  tout comme les autres quartiers ».7 Elle revendiquait alors l’accĂšs aux Ă©quipements urbains en termes de droit, marquant une socialisation au vocabulaire français. La relĂ©gation en pĂ©riphĂ©rie urbaine est jugĂ©e indigne par les habitants qui revendiquent l’égalitĂ© d’accĂšs aux services urbains Ă©cole, transports, commerces, hĂŽpitaux, et nĂ©gocient l’équipement progressif des quartiers. Figure 3 – SitĂ© agrandies par enrobage de bĂ©ton Source CL 2014/ Vincent Morrachini, 2016 13Le cas des sitĂ© illustre la reformulation architecturale » des logements sociaux en fonction de dispositions Ă  habiter Pinson 1992 13. Les habitants Ă©voquent le sentiment d’ĂȘtre libres » frey qu’ils ont Ă©prouvĂ© en s’installant dans un logement pourvu d’eau et d’électricitĂ©. Cette dimension est exprimĂ©e de maniĂšre plus manifeste encore au moment de l’emmĂ©nagement dans un batiman. La distinction par le confort amĂ©nager l’intĂ©rieur du batiman 14Ces derniĂšres annĂ©es, de nombreuses barres de logements sociaux locatifs ont Ă©tĂ© construites par les autoritĂ©s, qui ont abandonnĂ© l’idĂ©e des pavillons. Ces batiman sont trĂšs standardisĂ©s, et se ressemblent tous, qu’ils soient sous forme collective petits immeubles ou sous forme horizontale maisons partagĂ©es en appartements – lĂ  encore, le terme de batiman se rĂ©fĂšre au logement individuellement, mais aussi par extension Ă  l’ensemble du quartier. Ils sont rutilants, flambants neufs, et desservis par de belles routes asphaltĂ©es. Dans ce cas, les appropriations de l’espace sont moins visibles que dans les sitĂ© les amĂ©nagements apportĂ©s sont davantage intĂ©rieurs qu’extĂ©rieurs Raymond 1984. 15Au terme de longs mois de recherche, Julia a enfin trouvĂ© un batiman. Cette mĂšre de cinq enfants, ĂągĂ©e de 39 ans au moment de mon enquĂȘte, habitait depuis onze ans dans un endroit provisoire », dans l’attente d’un relogement par les autoritĂ©s qui avaient expulsĂ© les habitants de leur prĂ©cĂ©dent emplacement. LassĂ©e de ses conditions de vie, elle espĂ©rait beaucoup de ce logement social. Il doit lui permettre de rĂ©aliser ses rĂȘves, de devenir libre » frey ce terme est prononcĂ©, non pas en ndyuka mais en sranan tongo, la langue du littoral surinamais, qui connote Ă©voque la modernitĂ© et l’urbanitĂ©. Julia associe Ă  la vie en batiman de nombreuses valeurs positives comme la libertĂ©, la tranquillitĂ©, la propretĂ©, la beautĂ©, la duretĂ© de ces logements construits par des entreprises. Elle trouve que son project est joli ». Le batiman de Julia se trouve dans un ensemble de sept immeubles. Le terme de project qui dĂ©signe la rĂ©sidence est une insertion du nĂ©erlandais pour projet ». Ce choix linguistique dĂ©note une volontĂ© de souligner l’attractivitĂ© de ces constructions Migge et LĂ©glise, 2013. Les quartiers avoisinants sont beaucoup moins denses, moins hauts, moins espacĂ©s, et moins rutilants de nouveautĂ©, d’oĂč la fiertĂ© des habitants Ă  habiter ce project. Julia et voisins se plaignent ainsi des enfants du voisinage qui viennent y jouer il faudrait mettre des portes et un code, comme dans la rĂ©sidence route de Saint-Maurice ». Ils comparent ce faisant leur nouvelle rĂ©sidence Ă  une rĂ©sidence privĂ©e qui accueille les classes moyennes de la ville comme les habitants relativement aisĂ©s des HLM des annĂ©es 1960 Chamboredon et Lemaire, 1970, ils cherchent Ă  se distinguer des classes populaires avoisinantes. Figure 4 – Les batiman dits rĂ©sidence Écoles 5 » Source D’aprĂšs Google Earth, 2016 16A l’échelle urbaine, les habitants gagnent en libertĂ© de dĂ©placement. Ce sentiment de libertĂ© » renvoie aussi Ă  la fiertĂ© d’avoir obtenu une vraie place dans la ville. Les habitants font usage des opĂ©rateurs de domestication » que sont l’architecture et les techniques telles que la salle de bain, les toilettes, la gaziniĂšre BĂ©guin 1977. L’ascension sociale est mesurĂ©e par comparaison aux quartiers de pangas maisons en planches voisins. Julia, du fait de son dĂ©mĂ©nagement, est dĂ©sormais pleinement intĂ©grĂ©e au lotissement, par un au rĂ©seau viaire asphaltĂ©, contrairement Ă  son ancienne maison qui se trouvait au bord d’un chemin en latĂ©rite rouge et collante. Ses filles peuvent dĂ©sormais aller au collĂšge, sans tacher leur uniforme de boue. Elles n’ont plus les contraintes de leur maison en planches, tels que les problĂšmes d’eau potable, d’inondation, ou encore d’éclairage. C’est donc un grand changement pour toute la famille ses enfants peuvent enfin faire leurs devoirs tranquillement, Ă  la lumiĂšre Ă©clatante des nĂ©ons, et se projeter dans des projets d’études. Cette ascension sociale est Ă©galement exprimĂ©e en termes ethnicisĂ©s, par opposition Ă  leur ancien quartier stigmatisĂ© comme bushinenguĂ© ». Tandis que ses filles croient un instant que mĂȘme des Blancs » habitent ici, en voyant passer une voiture de l’hĂŽpital, Julia espĂšre sortir de la sĂ©grĂ©gation qui a marquĂ© son parcours rĂ©sidentiel jusque-lĂ . Elle souligne la diversitĂ© d’appartenance de ses voisins qui ne sont pas tous Ndjukas, mais aussi Saamakas ou HaĂŻtiens, pour exprimer l’ascension sociale qu’elle a rĂ©alisĂ©e. 17Elle s’approprie son logement en transformant ses pratiques de consommation et son style de vie, orientĂ© vers un nouveau statut social auquel elle aspire. Ces pratiques font l’objet d’un investissement financier et symbolique en ce qu’elles sont Ă  la fois classĂ©es et classantes Bourdieu 1979. L’accĂšs au logement comporte un potentiel distinctif soulignĂ© par ces efforts pour l’amĂ©nagement des intĂ©rieurs. Beaucoup de soin et d’argent sont placĂ©s dans la dĂ©coration intĂ©rieure et l’ameublement, notamment celui du salon. À logement neuf, mobilier neuf. Elle a rĂ©cupĂ©rĂ© certains de ses meubles, mais rachetĂ© un tĂ©lĂ©viseur Ă  Ă©cran plat, un grand canapĂ© d’angle, un rĂ©frigĂ©rateur, une gaziniĂšre, mais aussi des rideaux ; elle a dĂ©corĂ© les murs avec des dessins imprimĂ©s ou un vase de fleurs sĂ©chĂ©es. Tous ces achats montrent sa bonne volontĂ© culturelle Ă  se conformer au style de vie qu’elle associe Ă  ce type de logement. 18Ces achats sont encouragĂ©s par les institutions et le marchĂ©. Ses choix sont guidĂ©s par l’offre en dĂ©coration des magasins d’ameublement de la ville, ou des colporteurs qui font du porte-Ă -porte ces intermĂ©diaires contribuent Ă  produire les intĂ©rieurs mĂ©nagers Gilbert 2017. L’Etat encourage ces achats par des prĂȘts Ă  l’installation dans le logement via la Caisse d’Allocations Familiales. Julia, qui vit des prestations sociales, peut acheter Ă  crĂ©dit pour plus de 1000 euros de meubles, Ă  rembourser avec des mensualitĂ©s de 27 euros par mois. Historiquement, ces prĂȘts renvoient Ă  une vocation Ă©ducative du logement social depuis le XIXe siĂšcle en France, l’Etat cherche Ă  faciliter l’investissement affectif du logement par ses occupants » en encourageant sa personnalisation Bonnet 2015. Les effets de l’obtention du logement social sur les configurations familiales 19L’accĂšs aux maisons du gouvernement », comme sont appelĂ©s les logements sociaux, dĂ©note une ascension sociale. Le logement social reprĂ©sente l’aboutissement d’un dĂ©sir migratoire qui a amenĂ© ces personnes Ă  centrer leur vie Ă  Saint-Laurent-du-Maroni, alors qu’elles sont originaires du pays ndyuka en amont du fleuve, et ont aussi vĂ©cu au Suriname » c’est-Ă -dire le littoral du Suriname, le pays ndyuka Ă©tant conceptualisĂ© comme un territoire distinct, comme en tĂ©moigne cet usage restrictif du terme Suriname. Souvent, elles ont quittĂ© les villages de l’amont pour chercher une vie sans contraintes, notamment l’isolement gĂ©ographique ou les conflits au sein des groupes de parentĂ©. Elles disent qu’elles ont voulu changer de vie » en venant en ville ce terme renvoie Ă©galement Ă  la conversion vers l’évangĂ©lisme, rĂ©alisĂ©e au moment de leur installation en ville. L’une d’elle explique qu’en venant Ă  Saint-Laurent, elle a voulu tourner le dos Ă  un espace de l’amont chargĂ© en sorcellerie. Ces personnes sont transformĂ©es par leur migration en ville, mais restent le rĂ©sultat de leurs socialisations antĂ©rieures. Elles performent leur identitĂ© continuĂ©e », largement incorporĂ©e et inconsciente Pina-Cabral 2016. Notamment, elles continuent d’habiter au sein de rĂ©seaux de parentĂ© Ă©largis qui constituent leur cadre de rĂ©fĂ©rence. Le fait d’accĂ©der au logement social transforme les relations au sein de ces rĂ©seaux il devient une ressource au sein de leur configuration de parentĂ© et de leur couple. Transformations des sitĂ© et reconfigurations familiales 20Les sitĂ© sont amĂ©nagĂ©es en fonction des usages que leurs habitants en font. Ils les agrandissent en fonction de leur composition familiale, conformĂ©ment au caractĂšre Ă©volutif » de ces logements sociaux spĂ©ciaux. Maleiko et Walter ont ainsi Ă©largi leur maison en plusieurs Ă©tapes, annĂ©e aprĂšs annĂ©e, avec des parpaings achetĂ©s en petites quantitĂ©s. La crĂ©ation de chambres supplĂ©mentaires suit les Ă©volutions de la famille, les naissances de petits-enfants, et les personnes ĂągĂ©es prises en charge. Cette cohabitation entre gĂ©nĂ©rations est vue de maniĂšre positive par Maleiko Je suis habituĂ©e Ă  eux, quand ils partiront, tout va s’arrĂȘter ». Figure 5 – Plan de la maison de Maleiko et Walter, LES agrandi 21Ces travaux d’embellissement suscitent des conflits dans l’entourage du couple. Selon Maleiko, quand les voisins ont vu l’agrandissement de notre maison, ils ont arrĂȘtĂ© de faire la fĂȘte tout le temps et se sont mis Ă  construire aussi ». Ces efforts de dĂ©coration reflĂštent l’investissement dans une maison dĂ©sirĂ©e, mais aussi l’affirmation d’une bonne vie » au vu et au su du voisinage. Cela a suscitĂ© des conflits dans leur famille. Un frĂšre de Walter est venu chez lui faire un esclandre avec ses fils il accusait Walter de sorcellerie suite au dĂ©cĂšs de l’un de ses fils – ce qui est qualifiĂ©e de jalousie par Walter. Il s’agirait d’une rĂ©action Ă  l’accĂšs Ă  une maison du gouvernement » magnifiquement agrandie et rĂ©novĂ©e l’ascension sociale matĂ©rialisĂ©e par l’accĂšs Ă  un logement social, son agrandissement, mais aussi l’achat d’une voiture ou la naissance du dernier enfant du couple expliquaient le sentiment de jalousie du beau-frĂšre. Il existe des phĂ©nomĂšnes similaires dans les classes populaires françaises, oĂč l’accusation de sorcellerie envers les personnes engagĂ©es dans un processus d’accumulation inĂ©galitaire est un moyen d’entraver le dĂ©veloppement des processus de singularisation biographique » ; inversement, l’accusation de jalousie » permet de lĂ©gitimer cette accumulation de capitaux et d’espaces Terrail 1990 30 ; Favret-Saada 1977. 22Les amĂ©liorations du logement, en tant que marques d’appropriation, sont Ă©galement un enjeu dans la relation de couple. Au contraire du couple formĂ© par Maleiko et Walter qui sont copropriĂ©taires de la maison, certaines femmes tiennent Ă  avoir leur chez-elle. Une autre habitante ndyuka de Vampire, mĂšre de six enfants et ĂągĂ©e de 42 ans, Chokoto Afonsoa, insiste sur le fait qu’elle est la seule propriĂ©taire du logement en droit comme en pratique. Son conjoint n’est pas mentionnĂ© comme propriĂ©taire du logement sur les papiers ; en outre, lors des travaux importants de rĂ©novation qu’elle a effectuĂ©s, elle souligne qu’il n’a pas mis un seul parpaing ». Chokoto a financĂ© l’achat des matĂ©riaux avec l’argent des allocations familiales et a demandĂ© Ă  son cousin de rĂ©aliser les travaux quasiment gratuitement, moyennant quoi il pourra habiter quatre ans dans la maison pendant qu’elle retournera vivre prĂšs de chez sa mĂšre dans une maison en planches. Chokoto explique ainsi qu’en cas de sĂ©paration d’avec son mari, il ne pourra rien lui demander – elle envisage cette situation dans la mesure oĂč il refuse de quitter son autre femme, dans un contexte culturel polygame. 23Le marquage de l’espace rĂ©alisĂ© dans les sitĂ© dĂ©note ainsi une rĂ©ussite sociale qui peut permettre d’assoir l’autonomie d’une femme vis-Ă -vis de son conjoint, ou encore la rĂ©ussite professionnelle. L’obtention d’un batiman peut permettre Ă©galement une redĂ©finition de la position occupĂ©e au sein du rĂ©seau de parentĂ© ou du couple. Toutefois, les rĂšglementations concernant les batiman, locatifs, ne permettent pas de tels marquages distinctifs. Le bail comme ressource au sein d’une configuration de parentĂ© 24Tout comme pour les sitĂ©, l’accĂšs Ă  des batiman dĂ©sirĂ©s par tous suscite des convoitises. Julia a Ă©tĂ© frĂ©quemment malade aprĂšs son emmĂ©nagement et a fait plusieurs sĂ©jours Ă  l’hĂŽpital. Elle attribue cela au fait qu’il y avait tellement de gens qui voulaient ces maisons qu’ils les ont ensorcelĂ©es au hasard, notamment des haĂŻtiens, considĂ©rĂ©s comme dangereux. Certains locataires, avant d’emmĂ©nager, demandent Ă  un pasteur de bĂ©nir le logement Ă  l’huile d’olive. La mixitĂ© sociale des batiman, tout en Ă©tant valorisĂ©e par l’ascension sociale qu’elle symbolise, est Ă©galement considĂ©rĂ©e comme potentiellement dangereuse. 25Le bail locatif peut aussi reprĂ©senter une ressource distinctive Emilia Schijman 2013 a montrĂ© comment, dans des lotissements argentins, les locataires rĂ©alisaient diffĂ©rentes transactions et Ă©changes Ă  partir de tels baux. Julia rĂ©ussit ainsi Ă  transformer un bail locatif en un capital social et symbolique qui lui permet de se repositionner vis-Ă -vis de sa famille proche et de son mari. Comme pour les sitĂ©, cette distinction est structurellement ambivalente la distinction de la vie en batiman va de pair avec de nouveaux conflits de voisinage associĂ©s Ă  la jalousie » des proches et voisins de Julia. À l’Eglise, quelqu’un lui avait prĂ©dit qu’une femme dans l’Eglise allait trouver un autre endroit, ses proches vont changer de discours. AprĂšs son emmĂ©nagement, Julia peut dĂ©sormais penser que cette prophĂ©tie s’est rĂ©alisĂ©e. Non seulement elle a accĂšs au confort du batiman, mais elle transforme Ă©galement ce droit d’usage en un capital social et symbolique qui lui permet de reconfigurer ses relations sociales. Elle a ainsi organisĂ© une grande fĂȘte pour ses 40 ans. Son appartement Ă©tait rempli de parents et de frĂšres et sƓurs » de l’Eglise, y compris certains pasteurs les plus en vue. Depuis qu’elle a trouvĂ© son batiman, ses sƓurs et sa mĂšre, avec qui elle Ă©tait en conflit, sont toutes derriĂšre sa porte » Ă  lui demander des choses. Julia est revalorisĂ©e par son dĂ©mĂ©nagement au sein de ses proches. 8 Je traduis ici le terme ndjuka man par mari. Il ne s’agit pas d’un mariage reconnu par l’Etat fra ... 26L’obtention de son logement lui a Ă©galement donnĂ© une certaine autonomie conjugale. Son ancienne maison en bois avait Ă©tĂ© payĂ©e et construite par son mari 8 et elle lui appartenait. Au moment du dĂ©mĂ©nagement, il avait donc donnĂ© les planches, les tĂŽles et les meubles Ă  sa propre mĂšre qui habite le quartier et qui les a mises sur son abattis pour y construire une maison. Julia se sent lĂ©sĂ©e parce que lorsqu’ils avaient agrandi la maison, elle avait dĂ©pensĂ© 1000 euros qu’elle n’a pas pu rĂ©cupĂ©rer. 27Au contraire, le batiman est Ă  son nom seul. Elle est dĂ©clarĂ©e mĂšre cĂ©libataire Ă  la Caisse d’Allocations Familiales, car son mari est polygame, ce que l’administration bakaa ne reconnait pas. Cela n’a pas toujours Ă©tĂ© Ă  son avantage dans la mesure oĂč elle n’a jamais pu faire Ă©tat des revenus de son mari dans sa demande de logement, alors qu’il travaille de maniĂšre dĂ©clarĂ©e. Quand Julia faisait ses recherches de logement, elle envisageait de quitter son mari une fois son logement obtenu, car elle ne supportait plus sa polygamie, dĂ©criĂ©e par les pasteurs Ă©vangĂ©liques. Les annĂ©es qui suivent l’obtention de son logement sont l’occasion de rĂ©arrangements conjugaux elle a dĂ©sormais l’autonomie suffisante pour le quitter. 28Julia occupe Ă©galement une nouvelle position au sein de sa belle-famille, qui habitait Ă©galement Ă  ses cĂŽtĂ©s dans son ancien quartier, mais qui soutiendrait systĂ©matiquement sa coĂ©pouse Ă  son dĂ©triment. Sa belle-mĂšre serait jalouse » d’elle en tant que seconde Ă©pouse, un rang moins lĂ©gitime que la premiĂšre. Son nouveau statut de locataire lui offre l’occasion de se repositionner socialement dans ses relations sociales les plus proches. Julia a donc su mettre Ă  profit l’acquisition de son batiman pour se repositionner de maniĂšre avantageuse au sein de sa famille maternelle, de son couple et de sa belle-famille. Ces reconfigurations impliquant des ascensions sociales sont potentiellement porteuses de conflits et tensions au sein des groupes sociaux en transformation, comme on l’a vu dans son cas, mais aussi dans celui des habitants des sitĂ© de Vampire. 29L’accĂšs aux maisons du gouvernement », aux maisons bakaas », est donc vu comme un moyen d’ĂȘtre libre frey » au sein de la ville comme au sein des groupes de proches ce sentiment d’ascension est exprimĂ© en termes matĂ©riels par les transformations apportĂ©es au bĂąti dans le cas des sitĂ©, et aux dĂ©corations intĂ©rieures dans le cas des batiman. Une appropriation des logements en tension avec les autoritĂ©s françaises 30Les transformations des logements sont interprĂ©tĂ©es comme dĂ©viantes par les agents des autoritĂ©s françaises, qui infĂ©riorisent les classes populaires bushinenguĂ©es. Pierre Bourdieu et Abdelmalek Sayad ont analysĂ© les transformations des maniĂšres d’habiter des paysans dans les camps de regroupements forcĂ©s en AlgĂ©rie en temps de guerre, dans leur ouvrage sur le dĂ©racinement » Bourdieu et Sayad 1964 163-171. Ils voient dans ce dĂ©doublement », imputĂ© Ă  la situation coloniale, un dĂ©racinement » aux effets destructeurs pour les paysans dĂ©paysannĂ©s », et en dĂ©duisent un Ă©chec de l’appropriation des logements proposĂ©s les familles, passĂ©es brutalement du bidonville Ă  un appartement dotĂ© du confort moderne, ne parviennent pas Ă  prendre possession de l’espace imparti et [
] bidonvillisent’ leur logement parce qu’elles ne peuvent pas moderniser leur mode de vie, faute de disposer des ressources nĂ©cessaires et d’ĂȘtre capables d’adopter le systĂšme de conduites et d’attitudes qu’exige l’habitation moderne » Bourdieu et Sayad 1964 171. Au contraire, dans le cas Ă©tudiĂ© dans cet article, les marquages impriment dans les murs la fiertĂ© d’ĂȘtre acceptĂ© dans le pays bakaa qu’est Saint-Laurent, et d’avoir l’occasion d’une reconfiguration des rapports au sein de la parentĂ©. L’intĂ©gration des logements sociaux dans des modes d’habiter de part et d’autre du Maroni est Ă©galement l’objet de telles tensions dialectiques dĂ©noncĂ©e comme dĂ©viante par les agents des bailleurs, elle constitue une maniĂšre de rĂ©affirmer des racines en pays bushinenguĂ© pour les nouveaux locataires. Un rapport conflictuel avec les autoritĂ©s des appropriations vues comme des dĂ©gradations » 31Les injonctions des autoritĂ©s concernant l’appropriation domestique diffĂšrent selon le type de logement sociaux. Si dans les batiman, ce genre de modifications est interdite, elles sont possibles pour les logements Ă©volutifs sociaux dits sitĂ©. 32Pour ces derniers, les modifications sont autorisĂ©es voire encouragĂ©es par les autoritĂ©s, sous rĂ©serve que les accĂ©dants fassent une demande de permis de construire en fournissant un plan des amĂ©nagements. Les modifications des sitĂ© sont toutefois soumises Ă  des rĂ©gulations Ă©tatiques, initiĂ©es notamment par la mairie afin de pouvoir collecter des taxes d’habitation, calculĂ©es en fonction de la surface du logement. Walter et Maleiko n’avaient pas fait de demande de permis de construire avant de modifier leur maison. Toutefois, un reprĂ©sentant du service urbanisme de la mairie, lors d’une opĂ©ration de rĂ©gularisation dans le quartier, avait avalisĂ© officiellement ces extensions, tout en augmentant leur taxe d’habitation, impĂŽt local proportionnel Ă  la surface construite. Un gĂ©omĂštre est Ă©galement venu dĂ©limiter le tracĂ© des contours de la parcelle, qui a Ă©tĂ© trĂšs vite murĂ©e Ă  hauteur d’homme par Walter – la clĂŽture, lĂ©gĂšrement ajourĂ©e afin de permettre un regard chez le voisin, apparait comme primordiale pour dĂ©limiter les bornes de l’espace privĂ© la clĂŽture est un Ă©lĂ©ment fondamental du marquage de l’espace Raymond 1984 59 ; Cortado 2020. 33De plus, les habitants ont pu amĂ©nager leur maison pour y dĂ©velopper des activitĂ©s productives si les rĂ©glementations des sitĂ© ne prĂ©voyaient pas d’autoriser de faire des commerces, des pratiques informelles sont pourtant tolĂ©rĂ©es par les autoritĂ©s. Chez Maleiko et Walter, l’arriĂšre-cour est plantĂ©e d’arbres fruitiers, et comporte Ă©galement un carbet, construction lĂ©gĂšre, oĂč le manioc amer rĂ©coltĂ© dans l’abattis par Maleiko est transformĂ© en couac farine de manioc. La terrasse est amĂ©nagĂ©e pour pouvoir stocker et vendre les produits agricoles. Maleiko peut ainsi vendre sa production agricole, les mĂ©dicaments qu’elle fabrique elle-mĂȘme Ă  base de plantes, ou encore des produits achetĂ©s au Suriname, disposĂ©s sur un Ă©tal en bois comportant une vitrine en plastique transparent. Cette pratique de revente est courante dans le voisinage ces pratiques de commerce Ă  domicile comblent le relatif isolement du quartier par rapport au centre-ville, situĂ© Ă  deux ou trois kilomĂštres. Ces habitants se saisissent de l’opportunitĂ© qui leur est offerte d’adapter leur maison Ă  leurs usages productifs, comme au Suriname Verrest 2008. Figure 6 – SchĂ©ma de l’arriĂšre-cour de Maleiko et Walter 9 La norme est de 9 m2 par personne, seuil en dessous duquel l’allocation logement ne peut plus ĂȘt ... 34Dans le cas des batiman, au contraire, les amĂ©nagements sont combattus par les bailleurs sociaux, les entreprises semi-publiques propriĂ©taires des immeubles ils les qualifient de dĂ©gradations ». Lors de rĂ©unions prĂ©paratoires Ă  l’entrĂ©e dans le logement, les locataires de la Guyasem, un des bailleurs sociaux, sont informĂ©s que si des amĂ©nagements sont possibles, les transformations ne le sont pas. Les agentes les menacent de devoir rembourser, de la mĂȘme façon que les salissures ou dĂ©gradations des espaces collectifs sont rĂ©percutĂ©es sur les charges. L’espace intĂ©rieur de l’appartement est ainsi amĂ©nagĂ© de maniĂšre Ă  hĂ©berger un nombre d’enfants bien supĂ©rieur aux prĂ©visions des bailleurs. Alors mĂȘme que sa situation correspond Ă  ce que les normes des autoritĂ©s du logement dĂ©signent par sur-occupation »,9 Julia ne se sent pas Ă  l’étroit dans sa maison. Elle a dĂ©cidĂ©, quelques mois aprĂšs son emmĂ©nagement, de prendre en charge de maniĂšre permanente la fille d’une de ses cousines, ĂągĂ©e de deux ans. C’est une pratique de forsterage courante dans la sociĂ©tĂ© ndjuka, pour les femmes qui ne peuvent plus avoir d’enfants, d’élever l’enfant d’une autre femme du matrilignage comme si c’était le leur c’est aussi une marque de prestige aussi du groupe de parents Vernon 1992. L’appartement Ă  deux chambres est donc amĂ©nagĂ© pour elle et ses six enfants, Ă  l’aide de lits superposĂ©s. 35Julia souhaite donc se conformer aux injonctions de la Guyasem quant aux modes d’habiter repliĂ©s Ă  l’intĂ©rieur ou Ă  l’absence d’activitĂ© commerciale. Toutefois, elle est amenĂ©e Ă  composer avec ces rĂšgles et Ă  en transgresser certaines, notamment les formes familiales bourgeoises et europĂ©o-centrĂ©es promues par les bailleurs, afin de vivre selon ses propres valeurs et ravitailler les six enfants qu’elle a dĂ©sormais Ă  charge. Elle dĂ©veloppe donc, Ă  l’instar d’autres habitants, des usages de son logement qui sont interprĂ©tĂ©s comme dĂ©viants. Les agents qui gĂšrent le logement social considĂšrent les personnes bushinenguĂ©es comme incapables d’habiter de maniĂšre civilisĂ©e », ce qui renvoie Ă  l’époque oĂč ces groupes Ă©taient considĂ©rĂ©s comme des primitifs », mais aussi Ă  une disqualification plus rĂ©cente sur des lignes nationales. Pour les agentes rencontrĂ©es ces dĂ©gradations » sont imputĂ©es Ă  la culture » bushinenguĂ©e. Ce recours Ă  l’ethnicitĂ© masque une domination racialisĂ©e coloriste Ndiaye 2006, oĂč les BushinenguĂ©s sont infĂ©riorisĂ©s et renvoyĂ©s Ă  une altĂ©ritĂ© radicale. Aux yeux des agentes des bailleurs, ces interprĂ©tations lĂ©gitiment in fine des pratiques d’attribution sĂ©lectives des logements certaines rĂ©sidences sont attribuĂ©es aux demandeurs bushinenguĂ©s. Les autoritĂ©s reproduisent ainsi la sĂ©grĂ©gation des espaces urbains Ă  laquelle les habitants bushinenguĂ©s voulaient prĂ©cisĂ©ment Ă©chapper. 36Outre les transformations du bĂąti, l’intĂ©gration des logements sociaux dans des modes d’habiter transfrontaliers est Ă©galement un objet de tension avec les agents des autoritĂ©s guyanaises. Mais ces modes d’habiter sont le cadre de rĂ©fĂ©rence des personnes qui les habitent au sein de leurs rĂ©seaux de parentĂ© Ă©largis, et nourrissent l’affirmation de soi de ces personnes minorisĂ©es. Le logement social comme base de modes de vie transfrontaliers 10 Entretien avec Sandrine Pessac et Louisa Forest, Guyasem, 16 mai 2013. 37Les pratiques transfrontaliĂšres des locataires peuvent ĂȘtre disqualifiĂ©es par les agents de l’Etat français. Les agentes d’un bailleur social, des personnes crĂ©oles respectivement guadeloupĂ©enne et cayennaise, dĂ©plorent par exemple que leurs locataires aient une adresse fictive » Ă  Saint-Laurent mais sous-louent leur logement et vivent en face », voire investissent dans une construction dont ils deviennent propriĂ©taires. Elles dĂ©nonçaient, en entretien, le fait qu’ils achĂštent beaucoup en face », Ă  Albina [la ville jumelle de Saint-Laurent] ou Ă  Paramaribo, donc l’argent qui sort de la France n’est pas dĂ©pensĂ© en France ».10 Les modes d’habiter transfrontaliers dĂ©noncĂ©s comme dĂ©loyaux sont attribuĂ©s principalement aux BushinenguĂ©s, que les administrations françaises, depuis la guerre civile surinamaise et l’afflux de rĂ©fugiĂ©s en Guyane, perçoivent de maniĂšre croissante comme des Ă©trangers indĂ©sirables qui profiteraient du systĂšme social LĂ©obal 2015. 38Pourtant, le dĂ©ploiement dans l’espace transnational du fleuve Maroni est l’une des consĂ©quences du repositionnement social permis par l’obtention d’un logement. Le logement social est intĂ©grĂ© au sein de modes de vie transfrontaliers. Tout en vivant en ville, les habitants continuent de frĂ©quenter le territoire transfrontalier facilement accessible, que ce soit l’amont ou Paramaribo. L’obtention d’un logement social devient une ressource pour consolider leurs modes d’habiter poly-topiques de part et d’autre du Maroni. Une fois les dĂ©penses d’agrandissement rĂ©alisĂ©es, le fait de possĂ©der un logement social Ă  Saint-Laurent devient Ă©galement une ressource qui permet aux personnes d’investir ailleurs, et de les inscrire dans des configurations de maisons Ă©ventuellement transfrontaliĂšres. Cette unitĂ© dĂ©crit un groupe de quasi-rĂ©sidence commune, qui vit ensemble au-delĂ  des murs d’une seule maison, et au-delĂ  des bornes de la famille nuclĂ©aire Marcelin 1996 ; Motta 2014 ; Freire 2014 ; Araos, 2016. Les logements sociaux locatifs sont insĂ©rĂ©s dans des modes d’habiter transfrontaliers impliquant des lieux diffĂ©rents. 39Maleiko et Walter ont au cours de leur vie commune construit leur patrimoine immobilier, de part et d’autre du Maroni figure 6. Les opportunitĂ©s offertes par le gouvernement surinamais ont permis Ă  Maleiko de devenir propriĂ©taire dĂšs les annĂ©es 1980. En France, c’est seulement au moment oĂč ils sont devenus propriĂ©taires de leur sitĂ© qu’ils ont pu avoir ce type de stratĂ©gie. Ils ont vĂ©cu en amont, mais aussi Ă  Paramaribo, en alternance avec Saint-Laurent. Ils s’étaient principalement installĂ©s du cĂŽtĂ© français du Maroni, tout en maintenant des liens forts avec le Suriname, notamment via la possession et l’entretien de leurs maisons secondaires en diffĂ©rents lieux. En 2013, ils possĂ©daient donc quatre maisons de part et d’autre du fleuve, dont le logement social Ă  Saint-Laurent. Sur leur abattis, Edi avait construit lui-mĂȘme une maison en planches, au toit de tĂŽle. En outre, Maleiko avait une maison Ă  Paramaribo ils louaient cette maison Ă  une famille, Ă  l’exception d’une des chambres qui restait Ă  leur disposition. Ils se considĂ©raient donc encore comme chez eux lĂ -bas. Enfin, Walter avait hĂ©ritĂ© avec ses frĂšres de la maison de leur mĂšre dans leur village d’origine, Benanu ils y ont remplacĂ© l’ancienne maison en bois par une petite maison en dur, avec une terrasse. Le logement social est ainsi intĂ©grĂ© dans un mode d’habiter transfrontalier qui implique plusieurs maisons. Figure 7 – SchĂ©ma des diffĂ©rentes rĂ©sidences de Walter et Maleiko 40L’obtention d’un batiman peut lui aussi servir de base Ă  un rĂ©investissement d’autres espaces. L’habiter de Julia s’inscrit ainsi dans un territoire transfrontalier. Elle continue de se rendre plusieurs fois par an au Suriname, pour rendre visite Ă  sa mĂšre adoptive qui vit encore lĂ -bas, faire des achats et des dĂ©marches dans la capitale, oĂč elle envisage aussi de se construire une maison en dur. A cause des impĂŽts en France, Julia pense qu’il ne faut pas faire de grande belle maison Ă  Soolan, mais qu’il vaut mieux rester dans une petite maison en planches et investir au Suriname LĂ -bas, tu paies ton terrain, et c’est bon ». Ce type d’investissement dans une maison au Suriname est courant parmi ses connaissances de Saint-Laurent. L’inscription Ă  Soolan que matĂ©rialise l’accĂšs au logement social n’est donc pas exclusive de projets d’installations dans d’autres espaces gĂ©ographiques. 41L’accĂšs Ă  un logement bakaa n’exclut pas le projet de construire d’autres maisons au style moins conforme Ă  l’esthĂ©tique du bĂ©ton valorisĂ©e pour la rĂ©sidence principale. AprĂšs l’obtention du logement social, Julia exprime des jugements sur la beautĂ© architecturale des carbets en toit de feuilles de palme des AmĂ©rindiens Kali’na, et dit que ce serait un endroit agrĂ©able pour se reposer. En outre, elle dĂ©veloppe un rapport empreint de nostalgie avec le village du Moyen-Maroni dans lequel elle a passĂ© des annĂ©es elle dit qu’il faudrait rouvrir ce site dĂ©sormais envahi par la vĂ©gĂ©tation, comme de nombreux villages dĂ©sertĂ©s du Maroni. AprĂšs l’obtention de son batiman, elle est ainsi engagĂ©e dans un processus de transformation de soi vers une identitĂ© d’urbains, de BushinenguĂ©s du pays blanc bakaa. Conclusion 42L’analyse des usages bushinenguĂ©s des logements sociaux a donc permis de mettre Ă  jour les tensions qui accompagnent l’emmĂ©nagement dans ces logements. D’un cĂŽtĂ©, les maisons du gouvernement », et la matĂ©rialitĂ© du bĂ©ton qui leur est associĂ©e, symbolisent l’accĂšs libre » Ă  la ville et au pays bakaa. Les habitants bushinenguĂ©s investissent l’espace des logements en apportant des marques distinctives sur les formes architecturales dans le cas de pavillons Ă©volutifs ou les intĂ©rieurs dans le cas de logements locatifs. Ces marques suivent l’évolution de la composition des groupes domestiques Ă©largis qui ne se limitent pas Ă  une seule maison, mais circulent au sein de configurations de maisons Ă©ventuellement transfrontaliĂšres ; elles correspondent aussi Ă  des formes de poly-activitĂ© oĂč le logement peut servir Ă  des petits commerces ou revente de produits agricoles. Les marquages des logements sociaux rendent ainsi visible l’ascension sociale de leurs habitants et symbolisent le sentiment d’ĂȘtre libre » grĂące Ă  ce dĂ©mĂ©nagement valorisĂ© socialement. Ils reflĂštent des changements de position sociale au sein du rĂ©seau de parentĂ©. 43Mais de l’autre, des hiĂ©rarchies de race, de classe et de nationalitĂ© traversent ces transformations matĂ©rielles des maisons. Les marquages des logements sociaux sont considĂ©rĂ©s comme des dĂ©gradations » par les autoritĂ©s. Ces usages entrent en tension avec les normes des bailleurs et leurs perspectives sur le bien-habiter. Leur dĂ©nonciation est utilisĂ©e par leurs agents crĂ©oles comme justification de la mise Ă  l’écart des BushinenguĂ©s au sein de rĂ©sidences locatives pĂ©riphĂ©riques. 44Les enjeux de gouvernement de la maison » mĂȘlent donc indissociablement les rapports de pouvoir internes au groupe de parentĂ© et au couple, et les tensions entre habitants bushinenguĂ©s et administrations françaises du logement qui traduisent des rapports sociaux de classe, de race et de nationalitĂ©. À l’échelle de la maison mais aussi de la ville, c’est une vĂ©ritable transformation de soi qui a lieu au moment de l’accĂšs au logement social, par le travail d’appropriation des espaces rĂ©alisĂ© par les habitants. Les maniĂšres de se dĂ©finir comme personne Ă©volue en termes de relations intimes, mais aussi d’ethnicitĂ©. Par un mouvement dialectique, le fait de se voir comme intĂ©grĂ© Ă  la ville bakaa en devenant titulaire d’un logement social, n’empĂȘche pas la persistance de frontiĂšres racialisĂ©es au sein de la ville. Par opposition aux assignations infĂ©riorisant les BushinenguĂ©s, les habitants renouvellent la fiertĂ© de l’identification en tant que BushinenguĂ© et re-construisent des liens avec les espaces bushinenguĂ©s de l’amont du fleuve. Receção da versĂŁo original / Original version 2018 / 08 / 06Aceitação / Accepted 2019 / 07 / 31
maisonSaint laurent du maroni (973) 10 piĂšces 7 chambres 202 mÂČ Saint-Laurent du Maroni, dans un secteur en plein dĂ©veloppement route de St
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